En retraçant la trajectoire d’une star devenue un mythe, Ivan Jablonka, auteur de Laëtitia (Seuil), tente de résoudre l’énigme Goldman.

Près de 300 chansons écrites ou composées, 30 millions de disques vendus, des tournées géantes : le parcours de Jean-Jacques Goldman, chanteur français dont la carrière s’étend des années 1970 aux années 2010, est sans égal. Son succès est redoublé par l’estime morale que les Français lui portent, en l’élisant régulièrement comme leur « personnalité préférée ».

Pourtant, son apothéose ne doit pas faire oublier qu’il a successivement échoué, réussi, puis disparu volontairement. En quoi l’ »épopée Goldman » éclaire-t-elle un parcours d’intégration d’une famille juive, entre marxisme, extrême gauche et social-démocratie? Pourquoi un chanteur aussi mainstream fait-il l’éloge de l’universel minoritaire et du droit à la différence ? Par quel miracle sa disparition rime-t-elle avec la vie plutôt qu’avec la mort ? C’est la singularité de cette énigme Goldman qu’Ivan Jablonka tente de résoudre.

Pour exister, Goldman a dû se frayer un chemin à travers une histoire, une société, une ère politique, un milieu professionnel, des genres musicaux, des industries culturelles, les codes virils de son époque…, jusqu’à devenir à la fois quelqu’un pour nous et rien parmi des milliers.

Si Goldman a dû composer avec les règles de son temps, il a fini par composer lui-même l’air du temps de la génération qui se pressait à ses concerts. Un individu, déterminé donc par son époque, et qui finit néanmoins par la façonner jusqu’à ce qu’elle lui ressemble. Ce sont aussi nos années Goldman que raconte Ivan Jablonka.

Rencontre avec Ivan Jablonka, Goldman (Seuil), animée par Vanessa Chamszadeh.