L’immense philosophe exprime une mélancolie qui accompagne le recul de l’intelligence et le déclin de la culture classique. Il livre une déclaration d’amour à la littérature et rend hommage à ses intercesseurs et éveilleurs. Exercice d’admiration intact.
Rencontre avec Régis Debray, Où de vivants piliers (Gallimard), animée par Hervé Lévy.
« Fût-il en fin de carrière ou de vie, un cadet de l’art d’écrire ne saurait déménager à la cloche de bois sans régler ce qu’il doit aux grands aînés qui l’ont, à leur insu, incité à poursuivre ou à tenter de rebondir. Tous les écrivains abritent au fond de leur cœur des passagers plus ou moins clandestins, souvent de la génération précédente, qui font pour eux office d’incitateurs ou d’excitants. « Intercesseurs et éveilleurs », disait Julien Gracq. Pas toujours les plus connus, et souvent inattendus. On s’en émancipera peut-être un jour, mais ce sont eux qui nous ont lâché la bride. C’est à ces maîtres proches ou plus lointains que je voudrais rendre ici hommage – ou témoignage. En rêvant de voir un jour des confrères bien plus qualifiés nous révéler leurs dettes d’honneur… comme un carnet de bal à conserver. »