Sorj Chalandon est encore journaliste à Libération lorsqu’il entend parler de cet épisode en 1977 : dans la nuit du 27 au 28 août 1934, cinquante-six enfants de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer (Morbihan) se révoltent et font le mur.
Bien vite, ils se retrouvent bloqués par la mer, incapables de fuir. Les gendarmes les pourchassent et proposent aux habitants de prendre part à la traque. Pour chaque enfant capturé, une pièce de vingt francs est offerte. Chaque recoin de l’île est fouillé, retourné pour retrouver la trace des fugitifs et empocher la récompense. Au petit matin, cinquante-cinq prisonniers sont ramenés au sinistre centre d’éducation surveillé. Quid de l’unique fuyard encore en liberté ?
C’est son histoire que l’auteur raconte dans son nouveau roman L’enragé (Grasset), livre très attendu de cette rentrée littéraire. Sorj Chalandon y dresse le portrait d’un enfant battu, “la métamorphose d’un fauve né sans amour, obligé de desserrer les poings pour saisir les mains tendues”.
Après trente-quatre ans à Libération, Sorj Chalandon est aujourd’hui journaliste au Canard enchaîné. Ancien grand reporter, prix Albert-Londres (1988), il est l’auteur de dix romans aux nombreux prix : Mon traître, La Légende de nos pères, Retour à Killybegs, Le Quatrième Mur, Profession du père…
Rencontre avec Sorj Chalandon, L’Enragé (Grasset), animée par Jean-Luc Fournier.