Il y en a qui défonce Kafka sur le service public et il y a Régis Debray. Exercice d’admiration dont l’époque est avare.
Je termine à l’instant le livre de Régis Debray, Où de vivants piliers, où il rend hommage à ceux de ses aînés qui le firent entrer en littérature, « passagers plus ou moins clandestins » de son cœur.
Et cet homme me fascine toujours autant. Ce fabuleux styliste nous dit encore et encore qu’on devient écrivain en lisant plus qu’en écrivant.
Les vivants piliers de Régis Debray s’appellent Genevoix, Aragon, Cordier, Sartre, Céline… Ces grandes figures qu’il a, pour certaines, côtoyées.
Son style est rapide mais jamais sec. Court mais riche. Jamais d’invectives. Le style de Debray c’est de la prose poétique, avec des assonances et des rimes intérieures.
On devine une forme de mélancolie. Mais Debray c’est comme Aznavour, ils étaient nostalgiques à 20 ans. Ça produit les plus belles œuvres.
Régis Debray est contagieux. Il nous donne envie de lire, d’écrire, de partager. Son abécédaire, son carnet de bal sont légers et profonds. Comme une comédie italienne d’Ettore Scola.
Nous avons besoin de vous, Régis Debray, plus vivant que cette « jeunesse vieille » que chantait Brel.
Régis Debray, Où de vivants piliers, Gallimard.
Régis Debray a réagi à ce petit texte paru sur Facebook :
« Très cher François,
Isabelle m’a fait lire ce que vous avez écrit sur Facebook. Vous avez l’art d’exagérer, c’est le plus enviable, et le plus rare, de tous. Rien de tout cela n’est mérité, mais on fera tout, y compris l’impossible, sans être à la hauteur, pour ne pas vous faire rouge, à Strasbourg. Mille mercis. Régis. »